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Les vies de Jerry

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Jerry Cornelius
Respect diplomatique : 111


10/07 ETU 11:18
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NDJ : Les événements extérieurs au présent de Jerry seront expliqués ailleurs. Cette salle est consacrée à ses vies passées…ou futures. Ne pas répondre, commentaires éventuels par mp, merci.

Dans la brume matinale que ne percent pas les lumières des trois soleils d’Ar’gern, je cours, et patauge dans la vase. Chaque pas arrache le sol meuble, mais la peur me donne des forces, et si je n’ose me retourner pour voir s’ils me rattrapent, au fond de moi, je le sais. Les Gartaks ne sont pas du style à abandonner. Si mon c½ur ne battait pas si fort dans mon corps décharné, peut-être entendrais-je les hurlements de leurs limiers, assoiffés de mon sang, rendus fous par mon odeur dont ils ne perdent miette.

La boue est profonde et m’arrive maintenant aux genoux, et même avant ma captivité, j’aurais sûrement eu du mal à avancer. Mais poussé par le désespoir et ce glauque instinct de survie qui m’a empêché de renoncer durant toutes ces années, je tire sur mes muscles étrécis et je continue.

Je tombe soudain, face dans l’eau croupie, mes mains tendues devant moi s’enfonçant, et loin de me rattraper, elles ploient et je m’enfonce sous l’eau. Je sens le liquide immonde m’emplir le nez et les oreilles, et je suis complètement immergé.

A peine quelques secondes de surprise, et je pousse sur mes membres pour me relever, je patine, je rampe, j’avance à quatre pattes, mais je me relève vite, parce que je n’ai pas le choix. Mon corps le sait aussi. Alors il se redresse, et je recommence ma course éperdue.

Pourtant je sens qu’ils se rapprochent, et dans ma tête, une curieuse petite voix commence à se faire entendre, couvrant de plus en plus les pulsations du sang dans mes tympans. « Allez, arrête. Ca ne sert à rien, ils vont t’avoir. Tu as trop perdu de force, tu n’as aucune chance. Tu es usé, épuisé. Les tiens sont morts, laisse-toi attraper, ce sera bref. Et le repos si bon… » Pourtant, je ne peux pas lâcher, quelque soit la tentation grandissante. Je dois rejoindre Ter’ben, et lui répéter ce que je sais. Je dois parler, pour ceux que j’ai perdus.

Ils sont derrière moi, si proches. « C’est fini, d’ici quelques secondes ils te saisiront, et tu auras échoué. La Rebellion périra par ta faute. Les Gartaks vont les enfoncer, et nul ne les en empêchera. » Je ne me retourne pas, je ne leur ferai pas ce plaisir. Si leurs chiens de l’enfer me saisissent, ce sera de dos, et je ne verrai pas leurs mâchoires béantes. Il faut que j’avance, encore un pas dans ce marécage putride, un de plus. Et encore un.

Je trébuche, mais je garde l’équilibre. Un pas de plus. J’ai le souffle court, les poumons qui brûlent, les jambes trop lourdes. Je sais que je ralentis. Je n’en peux plus. « VERGETTTTTTTTTT !!!!! »

Ils m’ont vu. C’est foutu. Je tremble. Je ne veux pas mourir. Ils sont là.

Dans cette vie-là, je suis Derat Fi’sor. Je suis une Rebelle d’Ar’gern. Je sers l’Ordre.
Jerry Cornelius
Respect diplomatique : 111


10/07 ETU 11:23
Score : 5 Détails
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Reprise d'un texte posté par ailleurs pour plus de lisibilité dans l'histoire de Jerry.

Je me tiens là, dans la fureur et le bruit, le sang et la mort. Dans mon flanc se niche le morceau d’acier que l’homme a laissé avant que je ne le tue. Pas le temps de l’ôter, au moins, mon sang ne fait que ruisseler. Je baisse les yeux et je le vois, lui qui m’a blessé. Il gît au sol, les yeux écarquillés vers moi. Encore un paysan à qui on a confié une arme. C’est triste.

Du coin de l’œil, je vois la masse arriver, et je me reprends. Ils sont deux, tout aussi dépenaillés et sales que le mort. Ils ont peur, et savent lorsque je leur fais face que la Faucheuse les attend. Alors ils hurlent de rage et de désespoir, et leurs cris se noient dans ceux des autres combattants. Nous sommes sur un champ pourpre, et la vie s’enfuit de toute part.

Juste avant qu’ils ne touchent je relève les bras, tenant à deux mains ma lourde hache de guerre, et d’une seule impulsion je pivote à la taille, la lame fendant l’air jusqu’à l’aine du premier. Ma fidèle Taillefer s’enfonce profondément, traversant les chairs comme si elles étaient air. Et lorsque j’heurte l’os, et que d’une brève torsion mon poignet la rappelle, mon arme bien aiguisée l’a déjà condamné.

Sans même m'attarder, je reprends position. Le second assaillant a freiné subitement, et bloqué par la peur, il me suit du regard. Les autres bruits s’estompent alors que tombe son ami. Nous sommes seuls dans la masse, isolés des combats. Ses yeux bleus bougent un peu, se fixe sur son comparse, et reviennent vers moi, déjà sûrs de l’issue. Ils hésitent un instant, puis ils se raffermissent, mais c’est déjà trop tard, Taillefer s’est élancée, et avant même qu’un seul geste il n’esquisse, son visage est fendu par la lame d’acier.

Il s’écroule à son tour, ébahi de son sort, et petit à petit mon oreille se reprend, les cris se multiplient. J’entends hurler
« Démon ! » , et quand je me retourne, je vois deux autres serfs courir, hache dressée. Je reprends position, fatigué mais heureux, car je suis à ma place.

Dans cette vie-là, je suis Jeroen Van Ester. Je suis un Seigneur de guerre. J’œuvre pour le Chaos.

Jerry Cornelius
Respect diplomatique : 111


17/07 ETU 10:36
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Une nuit, une lumière dans le visage. Un réveil en sursaut. Une forme en contre-jour. Une respiration haletante. Des bribes de silence pesant.

« Je sais. »

Je me lève, et j’avance vers elle. Elle ne parle pas, elle n’y arrive pas, les mots ne sortent pas, la douleur les retient. Trop intense, trop forte, trop noire. Pas besoin. J’ai compris avant même qu’elle ouvre la porte. Je me suis réveillé, et je savais.

Je me lève, et j’avance vers elle. Je l’enserre. « Je sais. » Rien d’autre à dire. Juste la serrer, fort, vite. A la mesure des sentiments. Et tout aussi rapidement, relâcher l’étreinte, la dépasser, franchir le seuil. Suivre le petit couloir, entrer dans la petite salle, passer devant ceux qui surveillent. A droite. Je me tourne.

Il est là. Effondré dans ce fauteuil, la tête entre les mains. Il sanglote, ne dit rien.

Moi non plus. Je le regarde, incrédule. Colère, souffrance. Et vide, aussi. Tout et rien. Elle m’a rejoint, je la sens derrière moi. Elle aussi le regarde. Un mouvement de tête, et nos yeux se croisent. Dans les abîmes, les âmes communiquent toujours mieux.

Il se lève, prononce quelques mots. Très vite, je comprends qu’on doit y aller. Sans écouter. La porte s’ouvre, ils entrent. L’air sévère. Me regardent à peine. Mal(s) à l’aise.

Etonnant comme la solitude peut se partager…La nuit nous attend, profonde, intense, infinie. Le jour se lève.

Ils ont un boulot à faire. Elle pleure. Lui aussi. Elle fait vers moi, lui non. Je m’écarte. Sourire. J’avance vers les deux hommes qui ne lèvent pas la tête.

Alors on part. Voir le destin qui nous attend au bout de la route. Famille unie, désunie dans la séparation. Les gardes m’encadrent, et derrière moi, elle et lui se rejoignent. Ils ne bougent plus, ils pleurent. Et moi ? Non. Moi, je marche.

J’ai peur, quand même. De souffrir, mais surtout de ne plus être. N’avoir été qu’une poussière dans l’histoire, et disparaître. On verra. C’est trop tard. Si au moins les deux gars parlaient ! Si j’avais moins peur, je parlerais, sûrement. Provoc, encore. Mais j’ai plus longtemps à vivre. Et je panique. Un peu.

Le couloir est court, lumineux, blanc. Au bout, la porte. L’idée me traverse de me débattre, de coller mes mains liées dans la figure du premier et de désarmer le second, de repartir en arrière dans le couloir, de fuir. Mes acolytes se sont rapprochés. Me saisissent les bras. C’est leur job que de se sentir ces choses là. C’est foutu. La porte s’ouvre.

Devant moi, la vitre sans tain. A côté, le fauteuil. Ses câbles, son casque de métal. Je bloque, je recule. Rien n’y fait, ils me tiennent. Putain que j’ai peur. Ironie, je sens que je vais me faire dessus, alors qu’à la fin, je me serais fait dessus…J’inspire.

Ils me poussent, me guident, m’assoient. Me lient. Le troisième arrive, puise une éponge dans un seau. Ils me bloquent le crâne dans un cerceau d’acier. Et me frottent la tête avec l’éponge. L’eau se mélange à la sueur, mes doigts se crispent. Je sais qu’ils sont tous en face, mais pas moyen de les voir. Mes trois derniers « amis » s’écartent de moi, me chapeautent. Une porte s’ouvre, se ferme. Derrière moi.

Je ne veux pas mourir. Je vais y passer. Mon Dieu. Peux pas bouger. Je vais crever. Accueille moi, toi, là derrière. Le rideau de cuir tombe sur mes yeux. Je suis dans le noir. J’arrive plus à respirer. Ils vont baisser la manette.

Dans cette vie-là, je suis Ed MacCarthy. Je suis un tueur. J’œuvre pour le Chaos.

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