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La jeune fille et la gitane

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Charlotte
Respect diplomatique : 135

09/07 ETU 17:50

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Charlotte se baladait sur sa planète mère, dans un quartier chic de la capitale. Vue du haut, la ville ressemblait à un immense rassemblement de bâtiments sur des pavés gris roche. La partie centrale de la cité était la plus peuplée, et la partie Est était un grand chantier où seuls des ouvriers travaillaient. La ville avait une population très homogène, les différentes classes sociales n'osaient pas se côtoyer. La partie Ouest était 'réservée' aux milliardaires, la partie Nord aux pauvres commerçants, la partie Sud à la basse bourgeoisie. La partie Est de la ville était encore en train d'être construite, on pouvait voir différents vaisseaux cargo arriver et s'en aller à longueur de journée, apportant avec eux divers matériaux de construction. Le quartier central de la ville était le seul lieu où les différentes classes sociales osaient se rencontrer. C'est dans cette partie de la ville que se trouvaient les bureaux et les magasins de vêtements. Chaque boutique se spécialisait dans un type de commerce particulier. C'était donc vers là que se dirigeait Charlotte qui avait pour intention de refaire sa garde-robe. Cette tranche de la ville avait tout pour plaire aux femmes, de grands centres commerciaux vestimentaires, des échoppes installées sur la chaussée et pleines de colliers divers et tant d'autres choses.

C'est après une demi-journée de dur labeur que Charlotte eût fini de faire le tour des différents magasins. Elle avait dû pousser pour réussir à avoir les nouveaux vêtements à la mode, elle avait dû faire des queues interminables pour réussir à entrer dans les échoppes qui s'ouvraient à des heures tardives de la journée. Sur sa montre on pouvait lire qu'il était 4 heures, l'heure pour elle de marquer une pause et de rentrer chez elle, à quelques centaines de mètres de l'endroit où elle se trouvait. Elle habitait dans le quartier Ouest de la ville dans une somptueuse demeure. Elle s'assit dans un café à la bordure de son quartier et commanda un petit encas. Après avoir fini et avoir veillé à bien payer le garçon, elle prit la route pour rentrer chez elle. Elle empruntait cette route tous les jours, et pourtant aujourd'hui quelque chose semblait 'différent'... Il y avait quelque chose d'inhabituel dans le quartier, ou du moins quelque chose qu'elle n'avait jamais remarquée avant. À sa droite il y avait un énorme jardin, foisonnant de dahlias et de pâquerettes, au fond duquel se trouvait une vieille petite roulotte délabrée et vermoulue. Elle fixait cette petite habitation en ruines au fond du somptueux jardin aux couleurs de l'arc-en-ciel.

Elle ne se souvenait pas d'être déjà passée devant cette cour. Et jamais elle n'avait croisé une demeure dans un tel état dans le quartier ouest de la ville. Plus elle regardait la petite roulotte, plus elle semblait attirée par elle. Charlotte jeta furtivement un coup d'oeil à gauche, puis un autre à sa droite. Il ne semblait y avoir personne. Elle se risqua à entrer dans le jardin et à aller voir ce qui se trouvait dans la maison. Elle traversa à grande allure le jardin, et s'arrêta devant la porte. Elle hésita un moment à sortir de la cour et reprendre le chemin vers sa maison. Finalement elle se risqua à sonner à la porte. Elle leva son bras, et au moment où son doigt allait rencontrer le bouton rouge qui faisait office de sonnette, elle sentit comme une main sur son épaule. Ce moment lui rappela sa première rencontre avec Métamorphosis, lorsqu'elle venait de se présenter et que dans son dos une main se posa. Le même scénario se reproduisait. Elle sursauta et eût extrêmement peur, lorsqu'elle se retourna et aperçut une femme avec une faucille dans la main. Charlotte laissa tomber ses sacs et tenta de crier, pourtant aucun son ne sortait. C'est comme si tout d'un coup elle était devenue muette. Quelques larmes sortirent, comme si elle sentait que son dernier moment était venu. Elle se laissa glisser le long de la porte en bois.

La femme se mit à rire assez fort. Elle avait compris que Charlotte avait eu peur à cause de la faucille qu'elle tenait dans sa main. Elle lui expliqua calmement qu'elle ne faisait que le jardinage avec, qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. La vielle femme aida Charlotte à ramasser ses quelques vêtements qui étaient tombés au sol.

- Entre mon enfant!
- Sans façons... Je... Je dois rentrer chez moi.
- Tu ne vas quand même pas laisser la vieille bique que je suis encore plus seule que je ne le suis déjà. Tu ne restes qu'une dizaine de minutes si tu veux. Je lirai ton avenir si tu le souhaites! Je m'appeles Zion, et toi?
- Charlotte.

Zion poussa la porte de sa demeure, un grincement s'en suivit. Les joints n'avaient pas l'air d'avoir été huilés depuis des années. Elle semblait célibataire et ne devait probablement jamais avoir eu de mari. La maison était aussi vermoulue à l'intérieur qu'à l'extérieur, et une odeur de poussière restait dans l'air. Ça devait faire des semaines, voire des mois qu'un bon coup de balai n'avait pas été passé. Les volets étaient tous fermés, ce qui donnait un air lugubre à cette roulotte. Sur les nombreuses étagères reposaient des dizaines, voire des centaines de bibelots tous plus inutiles les uns que les autres; des chats en porcelaine, des boules de cristal et des objets de formes variées, représentant le plus souvent des motifs divers, qui pourraient marquer l'appartenance à une caste secrète ou une religion quelconque. Les meubles étaient tous rongés par les vers, et donnaient l'impression qu'au moindre toucher ils allaient s'écrouler, emportant avec eux les dizaines de bibelots qui étaient posés dessus. On aurait pu qualifier sa maison d''antique', car non seulement la roulotte semblait plus vieille que sa propriétaire, mais l'intérieur donnait encore plus l'impression de vivre dans l'archaïsme.

Elles finirent leur course à travers la maison dans une petite pièce qui devait faire office de salle à manger, et Zion se retira presque aussitôt pour aller préparer le thé. La table centrale était immense et encore en parfait état. Le bois dans lequel elle avait été taillée reluisait, comme si elle venait de le cirer. A vrai dire c'était le seul meuble encore en état dans la maison. Zion devait tenir particulièrement à ce meuble pour s'en occuper autant. Au vu des quelques motifs qui ornaient la table, elle devait dater d'une quarantaine d'années; c'était la période pendant laquelle ils étaient très populaires. Les quelques motifs consistaient en de fines gravures en or représentant des serpents nageant à la surface de la mer sur les bords, et au milieu de la table était gravés dans de l'argent un faucon se trouvant en face d'un soleil et menaçant de ses griffes acérées le serpent. Charlotte sortit un des pulls qu'elle avait achetée le jour même d'un sac couleur vert fluo et le revêtit. Bien qu'au dehors le soleil semblait brûler la peau, à l'intérieur de la maison il faisait très froid. L'attente devenait de plus en plus longue, ça devait faire une quinzaine de minutes que Charlotte attendait. Un peu agacée par cette interminable attente, elle cria le nom de Zion, celle-ci ne répondit pas... Elle l'appela une seconde fois, toujours aucune réponse. Finalement, au bout de la troisième fois elle se résolut à retourner chez elle. Elle attrapa ses sacs et se leva, au même moment elle vit la vieille femme pénétrer dans la salle, attrapant entre ses mains deux tasses en argiles pleines de thé fumant.

- Excuse moi pour le retard
- C'est pas grave!
- Veux-tu que je lise dans ton avenir?
- Pourquoi pas, ça pourrait être amusant.
- Ce ne sera pas forcément amusant... Il n'y aura probablement que de mauvaises choses.
- Je veux m'y risquer!

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