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Moi, Sélène, Matriarche des Fils de Mansfeld

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Mansfeld
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14/12 ETU 15:45
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L'amour. L'amour animait encore cet homme. Sélène observait son époux. Le Tribun était depuis longtemps au courant de ses manigances. Il savait pour l'attentat. Il savait pour les Fils de Mansfeld. Mais il n'avait rien dit.
Par amour.

Cet homme brisé, autrefois si éloquent, si beau, berçait encore les cadavres calcinés de ses filles au bout de ses larmes.

Et cet homme pleurait. Sélène se retint. Jamais elle n'avait voulu lui nuire. Mais Alfa Deimos était maudite.
L'heure des destinées se distinguait entre la vie et la mort. Sélène avait aidé les plus éminents démocrates de la galaxie à proclamer une nouvelle République.

Les enfants reviendraient en Alfa Deimos. La vie allait reprendre ses droits.


Eschen avait reçu le codex de Sélène. Il était temps de communiquer avec l'assemblée. Les Fils de Mansfeld allaient se lever et se mettre en marche. Eux qui avaient survécu aux larmes et aux poisons. Eux qui voyaient en Yerog Mansfeld un père aimant. Un homme capable de faire valser les étoiles. Eschen récita une prière. Et il envoya le communiqué de Sélène, enregistré depuis plusieurs jours, à l'assemblée.

Communiqué de la Matriarche Sélène, guide des Fils de Mansfeld et représentante du peuple libre d'Alfa Deimos.

C'est la première fois que Sélène apparaissait devant l'assemblée galactique. Cette femme, élégante et racée, transpirait d'une digne mélancolie. Son antique beauté, flétrie par les larmes, était une poésie douce-amère. Elle figurait toute la beauté et toute la laideur d'Alfa Deimos. Elle était la Matriarche.

"Salaam al'alfaa,

Moi, Sélène, Matriarche des Fils de Mansfeld, vous salue, commandants.

Ce jour, une nouvelle République a été proclamée. Que tous les hommes de bonne volonté se réjouissent. Ce jour, nous sommes tous des fils de la liberté, tous des Fils de Mansfeld.

En tant que "mère" fondatrice, je me joins aux autres pères fondateurs, les commandants Roger, Arrakus, Jameson, et aux représentants courageux et dévoués de l'entité Républicaine pour vous annoncer la volonté du peuple libre d'Alfa Deimos de faire vivre un idéal de Paix et de Justice.

A l'heure où je vous parle, notre monde, Alfa Deimos, a sombré dans la guerre civile. Trois forces en présence se disputent le pouvoir.

Le Préfet Ruprecht Mansfeld a renversé le Haut Chapitre et détruit Genèse. Il a revendiqué le coup d'état et réclame la légitimité du pouvoir. Son frère, le chancelier Yerog Mansfeld, est retenu à ses côtés.

Le général August Thorn, le chef des armées, a refusé de reconnaître le Préfet, et réclame pour lui la légitimité du peuple, au nom de la démocratie.

Tous deux ont plongé notre monde dans le sang.

C'est pourquoi nous avons décidé de nous lever, nous, le peuple libre d'Alfa Deimos, et de faire entendre notre voix.

Le temps de la Paix viendra.

Nous ne fustigeons plus les choix des commandants de l'Aurore. Ils ont finalement fait preuve de sagesse là où d'autres bombardaient notre peuple au nom de la démocratie.

Les commandants de l'Aurore ont commis des fautes. Tout comme leurs ennemis. Tout comme Yerog Mansfeld. Mais tous ont ouvert une nouvelle ère. Une ère civilisée.

Voyez l'effervescence qui gagne notre galaxie !

Nous demandons donc que personne ne se mêle du conflit qui sévit sur Alfa Deimos sans prendre en compte les attentes du peuple Deimosien. Nous ne voulons pas être une source de conflit à l'échelle de la galaxie.

Nous demandons que le conseil des Justes soit maintenu aux côtés de la Nouvelle République, et que le commandant Arutha soit reconnu comme le nouveau gardien du système zéro et de la capitale. Il est sage et avisé. Nous pensons que le conseil des Justes peut cohabiter pacifiquement avec la Nouvelle République.

C'était le rêve de Yerog Mansfeld.

Et aujourd'hui, je vous propose de le partager.

Mansfeld
Respect diplomatique : 4380


12/02 ETU 16:25
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" Qu'est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris
De rage, sanglots de tout enfer renversant
Tout ordre ; et l'Aquilon encor sur les débris ;

Et toute vengeance ? Rien !... - Mais si, toute encor,
Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats :
Périssez ! puissance, justice, histoire : à bas !
Ça nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d'or !

Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur,
Mon esprit ! Tournons dans la morsure : Ah ! passez,
Républiques de ce monde ! Des empereurs,
Des régiments, des colons, des peuples, assez !

Qui remuerait les tourbillons de feu furieux,
Que nous et ceux que nous nous imaginons frères ?
A nous, romanesques amis : ça va nous plaire.
Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux !

Europe, Asie, Amérique, disparaissez.
Notre marche vengeresse a tout occupé,
Cités et campagnes ! - Nous serons écrasés !
Les volcans sauteront ! Et l'Océan frappé...

Oh ! mes amis ! - Mon coeur, c'est sûr, ils sont des frères :
Noirs inconnus, si nous allions ! Allons ! allons !
Ô malheur ! je me sens frémir, la vieille terre,
Sur moi de plus en plus à vous ! la terre fond,

Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours."


Arthur Rimbaud - Archives préhistoriques

Journal de la matriarche Sélène - dernières pages.

Les temps sont assassins.

Je suis Sélène, beaucoup d'entre vous ne me connaissent pas. Je suis née sur Alfa Deimos. J'ai toujours servi le clergé du Haut Chapitre, depuis ma plus tendre enfance. Puis j'ai servi le chancelier Mansfeld. J'ai créé la Nouvelle République. J'ai beaucoup fait. J'ai beaucoup dit. Pour Alfa Deimos.

C'est là que j'ai rencontré le Tribun. Un homme que j'admirais. Lors de l'apocalypse, nos deux filles sont mortes, déchiquetées et brûlées par les pluies acides.

Les temps sont assassins. Ce jour-la, le Tribun est mort lui aussi.

Je suis Sélène, je suis une femme qui a vécu. Peut-être trop. J'ai aimé Ruprecht, également. Je lui ai donné un fils. Il est mort, lui aussi.

Ruprecht en est devenu fou. Comme le Tribun, il est mort ce jour-la. Les temps sont assassins.

Je suis Sélène, j'ai trahi le Haut Chapitre, le Tribun et Ruprecht. Je les ai tous trahi.
Il est temps pour moi de payer.

Les temps sont assassins.

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