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Plongeon risqué

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Lizaka
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09/09 ETU 13:40
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Paupières closes.
En lévitation.
Les jambes repliées sur elles-mêmes.

Méditation.


Il y avait la rage, la déception. Lassitude impuissante, désappointement frustré, une furieuse envie de tordre le coup à l'inconscience de celui qui avait détruit son seul rêve alors en pleine concrétisation. Sentiments nouveaux. Il avait gouté la chute. L’intensité de la perte est égale à l’intensité de l’attachement.
C’était la première fois qu’il avait vraiment pris quelque chose à coeur. C’était sa première passion. C’était son premier idéal. C’était sa première lutte. L’Arche. Refuge protecteur de la Vie contre le déluge.
Et tout s’effondra le temps d’un souffle qui balaya toutes les illusions de Lizaka avec une force rare.
C’était sa première déception. C’était son premier échec.

Jusqu’alors, il avait voleté avec légèreté le long du sentier moelleux d’une vie facile. Cette chance l’avait doté d’un optimisme sans borne et d’un mental à toute épreuve. Son esprit était lisse, se laissant caresser par les bonnes choses et insensibles aux griffes des mauvaises. Son esprit était tranchant, traversant sans soucis les obstacles qui lui faisaient face, imposant sa volonté au monde. Il était léger, insensible. Le monde était une scène où il était tantôt acteur, tantôt spectateur. La vie était un spectacle, un jeu dont le but était de s’amuser le plus possible. Il n’était pas sérieux. Il vivait comme devant un écran, incapable d’être touché par ce qu’il voyait car ce n’était pas assez…réel. Il était inconscient, sans peurs. Il était heureux.

Et puis, une flèche avait percé le mur et s’était fichée en plein dans son coeur, elle se nommait « Apocalypse ». Un game over divin est en route. La partie va se terminer brutalement et seul le silence survivra. On menaçait de couper le jus parce que le spectacle n’était pas d’assez bonne qualité. Fermeture définitive du rideau. Lizaka allait mourir en même temps que le monde. Soudainement, il se trouva très proche de cet univers qui avait servi de décor à son chemin. Comme si une affinité s’était installé, après toutes ces choses vécues ensemble.
Il décida de serrer dans ses bras cette réalité pour la protéger de ce qui devait les détruire tous les deux. Lui dont l’âme s’était toujours trouvée si étrangère, le voilà qui plongeait à coeur perdu dans la défense de…son monde. Lui qui flânait depuis sa naissance dans la douceur et le confort d’une indifférence protectrice, le voilà qui se consacrait de toute son âme à une cause perdue, une cause altruiste.
Et il aima ça.
L’ivresse de l’Amour, de la Dévotion, de participer à un projet qui le dépassait tellement. Construire avec ses amis une ode à la fraternité et à la grandeur humaine, promesse de renouveau, promesse de continuité, de liberté. Le déicide émancipateur en réponse au génocide annihilateur. Il était en plein dedans. La tête pleine d’espoir, de rêves, le coeur en joie malgré la fatalité qui s’approchait, il s’aperçut que le monde avait énormément à lui offrir et qu’il pouvait lui apporter beaucoup en retour. Il se sentait…vivant.
Ce fut sa première rencontre avec les sentiments. Il avait finalement croqué la pomme.

Après la montée, la chute.
Alors qu’il venait de s’éveiller à la vraie vie, on lui ravit ses rêves nouveau-nés. Alors que le projet s’accélérait, un mur venait de se dresser devant. Le crash. Pfiiioouu. Choc.
Etonnement. Effarement. Horreur. Comment cela était-il possible ? Comment pouvait-on ? Cela paraissait impossible. Une chose si grande renversée par une si petite chose. L’Arche avait été volée, pillée, détruite. Ce qui devait tous les sauver avait déraillé parce qu’un seul s’y opposait, par pur orgueil. Toute l’humanité condamnée par un seul être. Démentiel. Alors naquis la rage, mais ne pouvant se satisfaire, elle se mua en une terrible déception. Il avait perdu la partie ainsi que toute envie de vivre dans un pareil monde.
C’était sa deuxième rencontre avec les sentiments. Il était chassé d’Eden.

Il était maintenant temps de faire le bilan.
Il avait fait l’expérience de la vie.
Son esprit rationnel en pris un sérieux coup. Alors c’est ainsi que tout fonctionnait ? Est-ce que tout est aussi absurde, insensé, dément ? L’histoire des hommes sera-t-elle toujours folle ?
Ainsi c’est cela la vie ? Un pari ? Une prise de risque ? On ose ouvrir les portes de son coeur par désir de bonheur, mais c’est parfois le malheur qui s’invite de force. Un jeu dangereux, mais où on peut gagner beaucoup. Comme une partie de poker, où on est tantôt gagnant, tantôt perdant, et certains sont tellement accros qu’ils ne peuvent s’arrêter alors qu’ils perdent lamentablement. Lizaka se ferait-il prendre ? Allait-il se retirer, par sagesse ?

Il se souvint de l’homme qu’il était avant son double choc avec la réalité. Comme il le disait lui-même, un homme sans attaches et sans repères, aussi léger que l’air, aussi aventureux que le vent. Intouchable. Insaisissable. Il…glissait. Rien ne le retenait, rien ne le blessait, aucune friction, aucune tension. Il ne connaissait pas le double-jeu des sentiments mais était ivre de liberté.

Quel choix était le meilleur ? Entrer dans le jeu risqué du coeur ou retrouver une vie d’étranger libre ?
Il se dit que c’était la question la plus importante qu’il soit donné à un homme de répondre. Se soumettre à l’humeur volatile d’un coeur qui dispense bonheur ou malheur à sa guise ou bien sacrifier ces potentiels plaisirs à l’ivresse de la liberté et l’insensibilité au malheur ? Une réponse se dessinait…
De plus, une particularité de la situation venait mettre son grain de sel dans le calcul : l’apocalypse était imminente. Et le néant n’est pas une idée qui plait beaucoup aux sentiments…
Alors, puisqu’une fin du monde se vit plus facilement dans l’insouciance, il fit son choix. Il ne regrettait pas l’expérience qu’il avait faite, cela l’avait enrichi, mais il décida de redevenir l’homme qu’il était avant, si cela était possible de revenir en arrière après une expérience si bouleversante. Il s’en pensait capable.

Il retrouva le sourire.
Tout ce temps qu’il avait passé au projet Arche était du temps perdu inutilement, mais il lui restait encore quelques jours pour jouir de la vie avec son insouciance légendaire. Dieu pouvait aller se faire foutre, vivre libre malgré une foutue épée de Damoclès au-dessus de sa tête sera la manière de Lizaka de vaincre Dieu. Il n’avait plus peur. Il n’avait rien à perdre, car rien ne lui appartenait. Et si c’était le néant qui se trouvait au bout du sentier, il viendrait bien assez vite, il comptait bien vivre assez pour le remplir d’ici-là.
Il se sentit libéré d’un poids.
Il glissait à nouveau.

Il était temps de faire la fête, il avait une fin du monde à célébrer.

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